jeudi 8 septembre 2011

Coupe de Chauffe à Cognac



Encore des km  sur la route ce dernier WE pour emmener mon spectacle « Entremets » à Cognac, une ville que j’ai bien aimé découvrir, surtout ces distilleries… ça valait la peine.
Après la déception  du WE dernier au Grand Bornand où le climat et le directeur que ne je ne veux pas nommer nous ont empêché de jouer Flatus Bovis , j’avais besoin de retrouver le plaisir de partager le rire avec les autres. Le soleil, les espaces bien aménagés, le public et une organisation très pointue nous ont permis  de bien nous éclater.
Comme d’habitude dans ce genre de festival, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour apprécier les autres compagnies mais juste à la fin j’ai eu la chance de tomber sur un super duo de comédiens mime danseur clown etc qui m’ont ému de plaisir par leur légèreté, rigueur, humour , beauté, et bien d’autres choses. J’ai pu à peine échanger quelque mots a la fin de leur spectacle. Moitié de leur vie à Tokyo et moitié en France. J’aime les hirondelles ! Leur spectacle : « Silences amusants d’un couple en blanc ». Si vous avez l’occasion de les croiser, ne les ratez pas. Ari Gato.
Mais dans ces deux jours il m’est arrivé de vivre une expérience que je ne peux pas m’empêcher de vous raconter même s’il elle risque d’en blesser certains. Je me baladais tranquillement  sin rumbo dans les rues de Cognac et je tombe sur une place où il venait tout juste de commencer un spectacle. Le nom de la compagnie n’a pas d’importance. Au bout de quelque minutes, je commence à bailler discrètement…peut être étais-je fatigué du voyage. Le public regardait en total silence. J’aime bien observer le public, c’est le vrai metteur en scène. Quatre personnages  racontaient leurs  malheur et la rage face à cette société injuste , cruelle, difficile à vivre, etc. Vous me comprenez, du théâtre « engagé ». Pourquoi pas ? j’aime bien le théâtre engagé. Je crois que tout théâtre , toute création artistique bonne est engagée à la vie, en contact avec le vivant, le public , l’immédiat, te temps présent dans le sens de ce qui est en train d’être fait. Bon bref, je me comprends…
Soudain un homme rentre dans la place coté jardin, avec une bouteille à la main et traverse devant les autres  comédiens. Ils s’adresse au public  créant une situation insolite. » AH ! c’est du théâtre ! je vais regarder » dit il  et s’assoit  au premier rang avec sa bouteille à la main. Habitué au théâtre invisible de Augusto Boal et d’autres formes similaires qui étaient très  fréquentes en Amérique Latine j’ai cru qu’il s’agissait d’un baron. Et en effet son intervention commençait à donner un certain intérêt au spectacle. Justement la pièce montrait l’histoire de quatre pendus et le personnage en question représentait pour moi  le cinquième, de l’autre coté du quatrième mur. Je me suis dis « Ah , ils sont forts, bonne idée » . Quand les comédiens sur scène reprennent leur texte, avec des belles voix, parfaite diction , propre exécution, le spectacle redevient lourd, et chaque intervention du baron donne la touche de vérité et légèreté. Le publique doutait, se questionnait : c’est vrai ? C’est faux ? Les comédiens continuent leurs discours sans tiquer.  On se demandait, « jusqu'où ils vont aller » ?
A un moment donné, un des  comédiens qui tenait le rôle du bourreau, s’approche du « spectateur dérangeant » et essaye de le faire sortir de la place, avec de bonnes manières, poliment, avec les mêmes gestes qu’il avait utilisé pour faire monter ceux qu’il avait pendus dans la scène précédente. Le comédiens qui jouent sur scène ne font rien qui fasse penser qu’ils observent ce qui se passe devant leur yeux et continuent a débiter leur texte, toujours bonne diction , belle voix, etc.
Ca commence à me plaire. J’aime cette subtilité stylistique.
Le « spectateur dérangeant » continue à intervenir, par moments il applaudit  quand sur scène les autres comédiens tiennent des propos plus violents. Il s’identifie. Le bourreau revient à la charge pour le faire sortir de manière plus violente en le tirant par la veste. Finalement  il lui prend la bouteille comme on ferait  avec un animal, pour que « la bête » suive l’appât, mais le spectateur préfère renoncer à sa bibine et plutôt rester pour regarder le spectacle. Ah ils sont forts ! et les comédiens continuent a parler dans leur bulles. Soudain arrive une voiture de police qui se gare côté cour. Trois policiers  descendent et s’approchent du « spectateur dérangeant ». Avec  geste fermes et décidés ils  le font sortir côté cour vers la voiture jusqu'à l’emmener à ce qu’on pourrait appeler les coulisses.
Et je me dis. Putain , ils sont vraiment forts ! ils ont préparé même le coup de la voiture de police !
Mais peu à peu le doute m’envahit.  Je vois que les « acteurs policiers » engueulent en coulisses le « spectateur dérangeant ».
Sans savoir pourquoi, je traverse derrière la scène pour rejoindre le groupe et m’adresse aux policiers.
Pourquoi vous l’engueulez? il a été magnifique, il a bien joué, il a donné de l’ intérêt, du sens  à cette pièce.  Il a créé la rupture parfaite, en faisant comprendre le faux engagement révolutionnaire d’un certain type de théâtre : une vraie pièce d’avant-garde ! Vous voyez ?
Les policiers et le « spectateur dérangeant » écarquillent les yeux.  A ce moment je sens que tout d’un coup, nous sommes tous ensemble rentrés dans la vraie dimension du théâtre.
On continue à parler tous les cinq de la difficulté de la vie et je ne sais pas quoi de plus. La scène devenait pleine d’émotion. Le « spectateur dérangeant » se met à pleurer et dit aux policiers avec un ton fraternel « vous me connaissez ». Les policiers lui répondirent , « Oui mais la prochaine fois tu dors au poste ».  Le « spectateur  dérangeant » me regarde , me prend la main et me dis « merci ». Un des policiers me prend par l’épaule et me dit «  vous comprenez la difficulté de notre métier ». A ce moment le public de la place applaudit, la pièce venait de finir. Les comédiens  saluaient.
Peu à peu la place se vide. Les policiers remontent dans leur voiture sans embarquer « le spectateur dérangeant » comme prévu.
L’histoire est presque finie mais je voudrais vous raconter l’épilogue. Le soir je vais manger à la cantine  avec tout le monde du festival. Je suis à une table avec mes copains Dans une table à côté  j’aperçois les policiers. Nous échangeons un salut avec nos verres à la main. Ils ont l’air décontracté.
On discute , on mange. La salle commence à se vider. Je reste tout seul pour finir tranquillement  un verre de cognac que quelqu’un m’a apporté . Très bon. Je me dis que ça doit être pas mal de vivre à Cognac. En tout cas il y a de bonnes choses à boire.
A ce moment je reconnais sur  une table voisine la troupe qui avait joué cet après-midi sur la place. Je m’approche d’eux et discrètement engage le dialogue.
-Bonjours, c’est vous qui  jouiez cet après-midi le spectacle sur la place ?
-oui, me répondent presque tous ensemble, grand sourire à la bouche, comme ça nous arrive quand on est reconnu…ça nous caresse l’ego
-c’était intéressant,- mais dites-moi, le mec qui rentrait avec la bouteille, c’était un baron ? leur dis-je d’un air faussement naïf
Un court silence s’installe. Certains baissent leurs regards sur leur assiette. Je peux presque lire leurs pensées sur leurs regards : olala, celui-là vient pour nous emmerder, et ils n’avaient pas complètement tort…finalement un d’eux me répond avec un sourire cynique:
-non, ce n’était pas un baron.
Et là , je dois le reconnaitre, je n’ai pas pu me retenir :
-dommage, c’était pour moi la  chose la  plus intéressante de la pièce !
Apres un court silence et quelques sourires jaunes entre eux, la femme me dit
-nous allons réfléchir à l’engager. Maintenant laissez-nous manger tranquilles !
Bon, la scène à durée quelques secondes de plus , je ne me rappelle pas exactement les dialogues mais le ton montait rapidement et finalement j’ai pensé qu’ils avaient bien le droit de manger tranquillement après la dure journée qu’ils avaient vécue.
Le seul qui ce soir-là n’a pas bien diné c’est « le spectateur dérangeant », comme d’habitude. Mais il a sûrement trouvé quelque chose de bon à boire.
Hasta luego

dimanche 28 août 2011

Premier jour, primer dia

Bon, finalement je me suis décidé à faire mon blog. Mais oui, question de communiquer, raconter mes délires, montrer mes constructions quotidiennes, partager comme on dis today.
La premier question, comme quand je commence mes spectacles c'est, "dans quelle langue je dois écrire?". Je peux le faire en français mais malgré les correcteurs automatiques ma grammaire et mon orthographe sont  bien limitées et je sais à quel point mes chers concitoyens d'adoption sont sensibles au massacre de leur langue ancestral. Mais si je le fais en espagnol, ou plutôt en argentin je réduis le nombre de lecteurs potentiels...bon, je vais mezclar, mélanger, y al que no le guste , ton pis!
C'est parti!
Ce dimanche gris à Paris ne m'aide pas à dépasser la grand déception de ce WE.
La Familia Stirman devais présenter hier au festival "Au Bonheur des Mômes" notre dernière création "Flatus Bovis" mes une météo pas trop copine plus le manque d'esprit solidaire du directeur que je préfère ne pas nommer,  nous ont privé de la rencontre avec le publique savoyard. Pour la météo , j'accepte, es asi y basta. Pour le reste...je préfère me taire et me dire que de toutes façons il y aura d'autres occasions. Comme nous disons dans nos chansons, pour ceux qu'on vu le spectacle ..."même dans le pire il y a du bon...".
Et ça m'a donné encore plus envie de le jouer tout les dimanches à El Clan Destino . Les dates seront confirmées sur ce site et nos moyens habituels de communication.
Bon , pour un premier  essaye ya esta bien
Hasta luego